L’analyse de grands accidents industriels dans des systèmes sûrs révèle l’impact de facteurs pathogènes dont l’importance n’avait pas été reconnue ou comprise par l’organisation. Les personnes n’avaient pas « fait sens » des informations pourtant disponibles, ne s’étaient pas rendu compte que leur représentation n’était plus adaptée à la réalité.
Cette recherche de sens dans une situation ambiguë a été nommée sensemaking (construction d’un sens), par le célèbre psycho-sociologue américain Karl Weick. Elle fait l’objet de ce Cahier de la sécurité industrielle qui examine, en s'appuyant sur des études de cas, les difficultés des personnes à détecter des signes de dégradation de la sécurité, à signaler des anomalies, à improviser de façon appropriée face à des situations imprévues.
Les facteurs pouvant influer sur le sensmaking sont analysés selon quatre axes :
- les facteurs individuels,
- les caractéristiques de la situation de travail,
- les facteurs liés au collectif de travail,
- l’impact des processus d’organisation.
Objectifs
Identifier les facteurs qui favorisent ou au contraire entravent la construction de sens.
Définir les principes d'organisation visant à contrer les phénomènes négatifs liés à la perte de sens face à une situation risquée.
A propos des auteurs
Hervé Laroche est professeur au département Stratégie, Hommes et Organisation de l’ESCP-Europe. Ses travaux concernent l’étude des décisions stratégiques dans les entreprises, la décision face au risque et les questions de fiabilité organisationnelle. Véronique Steyer, docteur en sciences de gestion, est professeur à ISG International Business School. Elle est spécialisée en théorie des organisations, comportements organisationnels et sociologie du risque.